Le château des Crêtes, établi au cœur du village de Clarens sur les rives du Lac Léman, incarne à la fois l'élégance architecturale et le charme historique de la région. Son histoire est intimement liée aux récits de Jean-Jacques Rousseau, notamment dans son roman La Nouvelle Héloïse, où il célèbre les « bosquets de Julie », inspirés par les jardins naturels contrastant avec les formelles « à la française ».

Construit en 1864 par Emmanuel-Vincent Dubochet, un financier suisse établi à Paris, le château des Crêtes est une œuvre signée par l'architecte Eugène Laval, affichant un style éclectique Napoléon III. Érigé sur un soubassement imposant abritant une orangerie, l'édifice en briques avec des accents de molasse se distingue par sa tourelle octogonale ornée de mâchicoulis et surmontée d'un belvédère. À l'intérieur, le salon principal accueille un chambranle de cheminée en marbre de Carrare, orné d'un médaillon à l'effigie de Rousseau, perpétuant ainsi le lien littéraire avec le lieu.

Le jardin, conçu par un paysagiste parisien, reflète le romantisme des lieux avec une petite grotte évoquant les décors de La Nouvelle Héloïse. Pendant la période où Dubochet résidait ici, le château fut le théâtre de rencontres illustres, accueillant notamment le ministre français de la Défense Léon Gambetta entre 1872 et 1876.

Transformé en clinique privée dans les années 1930, puis restauré par le peintre André Busso dans les années 1940, le château des Crêtes a traversé les époques tout en conservant son allure majestueuse et son riche héritage culturel. Aujourd'hui encore, il demeure un symbole de l'architecture et de l'histoire fascinante de Clarens et de ses environs.